Aujourd'hui, le Pr Pierre Brunet, professeur de droit à Paris X, nous fait profiter dans les colonnes de Libération d'un article très instructif : à ses yeux, " Voter une loi permettrait d'encadrer une pratique déjà existante, mais les parlementaires continuent de s'y refuser."
En effet, après le choc médiatique que fut l'acquittement de Morten Jensen , il s'agit de prendre conscience du décalage qui se révèle entre la la loi positive, votée par le Parlement et interdisant cette pratique, et les aspirations de la population. Ce décalage provient tout simplement de la peur de nos parlementaires qui mettent en avant cet argument : «Si on dépénalisait, les cas se multiplieraient.».
Or selon le légiste, l'argument "souffre d'un vice irremédiable" : "En effet, il y a fort à parier qu'une fois l'euthanasie dépénalisée les cas se multiplieront. Pourquoi ? Parce que c'est justement pour pouvoir recourir à l'euthanasie que l'on demande sa dépénalisation, comme c'était le cas hier pour l'avortement. Il n'y a donc aucune raison que les cas ne se multiplient pas. Mais, pour autant, cette augmentation des cas est-elle en soi un problème ? Certainement pas : si cette augmentation intervient après que la loi aura autorisé et donc encadré l'euthanasie, les comportements seront tout simplement conformes à la loi.".
Puis viennent d'intéressants parallèles avec les lois sur l'avortement et l'homosexualité : "Bref, à chaque fois, c'est le même fantasme : celui d'une loi permissive qui, parce qu'elle autorise un comportement ou autorise une pratique, engendrera ce comportement ou cette pratique de façon compulsive comme si la loi avait le pouvoir magique de nourrir un désir de mort ou de déterminer la sexualité des individus ; comme si, en définitive, la loi ne devait jamais rien permettre ni autoriser mais sans cesse, et toujours, interdire, interdire et encore interdire."
En bref, le débat n'est plus de savoir si les cas d'euthanasie vont se multiplier, mais de savoir si on veut ou non permettre à des individus de décider du sort d'autres individus et à quelles conditions. Et l'important est désormais d'ouvrir le débat.
Cet article se targue de suivre les mêmes méthodes que celles qui nous ont conduits à accepter la loi sur l'avortement : on commence par la mise en avant d'un cas isolé (les femmes violées pour l'IVG), en l'occurrence Jensen qui relaie le cas Humbert, puis suit une campagne médiatique (il suffit de recenser les articles parus dans la presse de ces dernières semaines sur le sujet) dénonçant l'incompétence et l'incompréhension des autorités de la nation face aux nouvelles aspirations de la société (nous y sommes), il s'agit ensuite de faire appel à quelques autorités "morales" avant l'organisation d'un débat parlementaire où les dés sont pipés d'avance.
La recette a fait ses preuves, la voilà encore une fois en action pour poursuivre sa propagation de la culture de mort.
2 commentaires:
heu sans leur demander leur avis?
dans les cas d eutanasie c est le malade qui demande en regle genral !!
Il arrive que le malade en fasse la demande, et encore cette affirmation est tout à fait discutable :
Une demande dans de telles circonstances (fin de vie ou situations d'extrêmes détresse) n'est que très rarement une décision libre (j'en veux pour preuve la situation dans des Etats des USA où l'euthanasie est permise et où les patients qui font des demandes de produits euthanasiants n'en font usage qu'une fois sur dix ou à peu près)et trahit dans la majorité des cas le désespoir des patients qui demande alors plus notre soutien que notre complicité à un suicide.
Mais ce n'est pas toujours le cas (exemple de personne dans le coma...).
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