L'Assemblée a adopté mardi à l'unanimité une proposition de loi créant une allocation journalière de 49 euros limitée à trois semaines qui permet à un proche d'accompagner à domicile une personne en fin de vie.
Accompagner la mort aussi bien que la naissance : c'était une des principales suggestions du rapport de Jean Leonetti sur la fin de vie, rendu début décembre. Regrettant «un certain effacement des solidarités traditionnelles entre les générations», Nicolas Sarkozy a souhaité, vendredi dernier, dans son discours sur la politique familiale, que la proposition de loi créant un congé de solidarité familiale rémunéré puisse être rapidement votée par le Parlement. Elle a été présentée mardi à l'Assemblée nationale par Jean Leonetti sous la forme d'une allocation journalière d'accompagnement d'une personne en fin de vie. D'une durée maximale de trois semaines, elle permettra de rester aux côtés d'«un patient en phase avancée ou terminale d'une affection grave et incurable», à condition que ce dernier soit traité à domicile. Des hospitalisations non désirées, et coûteuses pour l'assurance-maladie, seront ainsi évitées, espère Jean Leonetti. Cette nouvelle allocation devrait concerner 20 000 personnes par an et coûter 20 millions d'euros.
Concrètement, ce dispositif permettrait aux familles d'entourer au mieux leurs proches, sans perdre tout leur salaire. Frère ou sœur, mari ou femme - voire concubin - du malade toucheraient en effet une allocation d'un montant forfaitaire de 49 euros par jour. En attendant, ces aidants familiaux naviguent entre débrouille et épuisement. Ils sont peu nombreux à prendre les congés de solidarité familiale, non rémunérés, pour assister un proche dans ses derniers moments. «Ce dispositif n'est pas passé dans les faits parce que non financé», pointe le rapport Leonetti, dénonçant une «forme de dénégation sociétale de la mort». Mais, face à la détresse des aidants, nombre de médecins n'hésitent pas à délivrer des arrêts maladie de complaisance.
[...] Selon le Pr Régis Aubry, président du comité de suivi du développement des soins palliatifs, le congé de fin de vie rémunéré ne coûterait pas plus cher que le système actuel, «financé par les faux arrêts maladie». Il permettrait aussi «d'économiser le coût des “deuils compliqués”, soit les maladies chroniques et dépressions dont souffrent les personnes qui perdent un proche sans avoir pu l'accompagner», estime-t-il. Enfin, il faciliterait le maintien au domicile des malades, solution moins coûteuse que l'hospitalisation et plus respectueuse de la volonté d'une majorité de Français. Actuellement, trois personnes sur quatre meurent à l'hôpital, sans un proche à leurs côtés. La majorité des Français souhaitent pourtant pouvoir terminer leurs jours à domicile. Et, fait rarissime en politique, les députés de droite comme de gauche ont finalement voté ensemble la proposition de Jean Leonetti mardi.
Lu dans Lefigaro.fr