1 avr. 2009

Monaco : le comité de bioéthique diocésain attaque le projet


Selon le comité de bioéthique, le projet de loi proposant la création d'un centre de coordination prénatale et de soutien familial n'est qu'un «paravent» pour faire passer une loi sur la «dépénalisation partielle de l'avortement».

Après la publication dans notre édition d'hier des propos de Mgr Bernard Barsi, archevêque de Monaco, sur le projet de loi concernant l'avortement thérapeutique qui devrait être soumis ce soir au vote du conseil national, le comité diocésain de bioéthique de Monaco, entre dans le débat.

Ce comité, composé d'éminents juristes français et monégasques, de professeurs de médecine, de pharmaciens, de philosophes et de prêtres, précise qu'il a également consulté les autorités pontificales du Vatican avant de s'exprimer.

« La dépénalisation présentée comme partielle de l'avortement est bien la finalité exclusive de ce projet de loi à l'intitulé plus large... », estime ce comité de bioéthique.

Risque de « certification complaisante »

« Il ne faut pas se laisser abuser par la technique législative qui a fait ses preuves ailleurs : on commence par afficher le principe de prohibition de l'avortement, mais on lui adjoint aussitôt un second paragraphe, en apparence limité à trois exceptions qui, en réalité, ruinent tout l'édifice juridique en vigueur. Dans les trois cas prévus, seul le troisième, relatif au viol, est affecté d'un délai. Dans les deux autres (risque pour la santé ou la vie de la mère, et affection ou malformation de l'enfant), l'avortement pourra être pratiqué à tout moment et en toute impunité ».

« Pour la mère, le texte évoque uniquement un risque pour sa vie ou sa « santé physique » mais déjà, avant même le vote, cette restriction est outrepassée dans l'exposé des motifs où on annonce que l'avortement est envisageable si des troubles « psychologiques » mettent en danger sa vie ou sa santé, argument qu'il serait facile d'invoquer pour faciliter l'intervention souhaitée pour peu qu'il se trouve quelque certification complaisante... » « Pour l'enfant, c'est un arrêt de mort par anticipation s'il n'est pas conforme aux critères actuels (et donc évolutifs) de la normalité. Ce qu'on a médicalement traduit depuis peu en « interruption médicale de grossesse » est un avortement dit thérapeutique mais en vérité eugénique (de surcroît tardif !), car la thérapie suppose le traitement d'une maladie ; or ici on traite la maladie en faisant disparaître le malade. L'absence de délai autorise même une telle éventualité juste avant la naissance... Paradoxalement, ceci peut être aussi perçu comme une défiance vis-à-vis de la médecine et de la recherche car on met en jeu la vie d'un être humain uniquement sur « une grande probabilité » de troubles graves et nullement sur une certitude ; en outre, des troubles « irréversibles » ou une affection « incurable » peuvent ne plus l'être quelque temps après grâce aux progrès des sciences et aux découvertes de nouvelles techniques ou de nouveaux médicaments, ainsi que les dernières décennies nous l'ont déjà prouvé. Par ailleurs, n'est-il pas envisageable de proposer à la mère en détresse et la famille une autre alternative que celle unique de la suppression de la vie ?

« Le viol ? L'enfant n'en est pas le coupable...»

Quant au viol, acte criminel et infamant, force est de rappeler que le coupable n'en est nullement l'enfant. Or c'est pourtant à lui qu'on va interdire de vivre.

C'est principalement sur des données subjectives, et aucunement scientifiques et incontestables, que repose cette décision abortive selon le projet où on ne parle que de « risques », « probabilité », « menaces », ou « présomptions », ce qui pour un acte aussi grave et irréversible, n'offre aucune garantie. De plus, l'entretien préalable à l'intervention n'est pas obligatoire, alors qu'il faudrait informer la mère de tous les avantages qu'elle aurait de garder son enfant, et de toutes les aides susceptibles de l'y encourager. A vrai dire, cette optique n'est nullement envisagée dans ces dispositions qui ne visent qu'à faciliter l'avortement dès l'instant que c'est vers cette issue que l'intéressée souhaite s'orienter. C'est pourtant à ce moment-là que le Centre de « coordination prénatale » prévu par le texte pourrait se révéler le plus utile. Or, on découvre que le responsable de ce centre de soutien à la maternité fera partie des trois médecins chargés de permettre l'avortement !... ».

Lu sur Nicematin

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