5 juin 2009

Les Sages-femmes divisées sur l'avortement

SANTE. Un amendement sur l’autorisation des sages-femmes à prescrire la pilule abortive est à l'ordre du jour au Sénat.

Le sujet fait débat dans la profession.Les sages-femmes, spécialistes du suivi de la grossesse et de la naissance, doivent-elles prescrire l’IVG médicamenteuse (voir plus bas) ? La question est discutée cette semaine, au Sénat, sous forme d’un amendement au projet de loi sur la réforme de l’hôpital. Et suscite un vif débat au sein de la profession. D’un côté, le projet est soutenu par le Conseil national de l’ordre des sages-femmes. « Notre vocation est d’accompagner la grossesse quelle que soit son issue, y compris lorsque la femme choisit d’y mettre un terme, explique Marianne Benoît Truong, élue de l’ordre. C’est d’ailleurs déjà ce que nous faisons dans le cadre des interruptions médicales de grossesse. »

Mais toutes les praticiennes ne partagent pas ce point de vue. Ainsi, le collectif Sages-femmes de demain, qui regroupe aujourd’hui 900 d’entre elles, s’y oppose. « Nous ne remettons pas en cause le droit à l’avortement, mais nous pensons que cet acte ne correspond pas à l’essence de notre métier, qui est de préparer, d’accompagner et de suivre les naissances, constate Olivia Déchelette, sa porte-parole. Nous souhaitons que notre profession évolue vers plus de responsabilités. Mais pas dans une direction opposée aux raisons pour lesquelles nous avons choisi ce métier ! »

En France, le nombre d’avortements reste stable, mais élevé, avec plus de 200 000 par an. Tandis que le nombre de médecins volontaires pour les réaliser ne cesse de diminuer. « Nous sommes confrontés à un problème de santé publique. Les praticiens militants qui ont connu l’époque des avortements clandestins et leurs conséquences pour les femmes partent à la retraite. Les médecins plus jeunes considèrent l’IVG comme un acquis et n’ont pas envie de s’y impliquer. Dans ces conditions, donner cette compétence aux sages-femmes, c’est augmenter les possibilités pour les femmes », explique Bérengère Poletti, députée UMP et auteure d’un rapport sur le sujet.

Signe que le sujet reste sensible plus de trente ans après la loi Veil : l’amendement avait été retiré au dernier moment en février lors du vote en première lecture à l’Assemblée. De son côté, l’Alliance pour les droits de la vie, l’association fondée par Christine Boutin pour la prévention de l’avortement, réclame un bilan de la pratique de l’IVG avant d’envisager toute évolution législative. « Est-il raisonnable d’augmenter les prescripteurs sans s’interroger sur le nombre important des IVG en France ? se demande Tugdual Derville, son délégué général. En entraînant les sages-­femmes sur un terrain qui n’est pas le leur, on cherche aussi à banaliser un acte qui n’est jamais banal. »

Un médicament pas comme les autres.
Le RU 486 – ou pilule abortive (à ne pas confondre avec la pilule du lendemain) – peut être prescrit aux femmes enceintes jusqu’à la 7e semaine d’absence de règles. L’avortement se déroule le plus souvent à domicile, 48 heures après la prise de deux comprimés. Le recours à l’IVG médicamenteuse représentait 46 % de l’ensemble des IVG en 2006 et augmente régulièrement chaque année. La prescription du RU est autorisée depuis 2004 en médecine de ville. Mais les médecins restent peu nombreux à passer la nécessaire convention avec un établissement de santé chargé d’accueillir la femme en cas de difficulté.

Lu sur lavie.fr

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